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ESG : c’est le moment de revoir vos standards !
09/2023

Par Bertrand Thimonier,
Président d'Adviso Partners

 

 

Aux entreprises adeptes du « Vivons heureux, vivons cachés », l’heure est bientôt venue de se mettre à nu, du moins sur un plan ESG. Au milieu de l’été, la Commission européenne a en effet annoncé l’adoption des European Sustainability Reporting Standards (ESRS), c’est-à-dire des normes européennes de déclaration sur le développement durable. Couvrant l’ensemble de la gamme des questions environnementales, sociales et de gouvernance, y compris le changement climatique, la biodiversité et les droits de l’homme, ces normes s’appliqueront prochainement aux sociétés soumises à la directive sur les rapports sur le développement durable des entreprises, dite CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive).

Entériné en décembre 2022, ce texte fondateur a pour ambition d’harmoniser les reportings de durabilité des entreprises et, par ricochet, d’améliorer la disponibilité et la qualité des données publiées. Objectif final recherché : fournir aux investisseurs les informations utiles afin qu’ils puissent mesurer l’impact des activités des entreprises sur l’environnement et la société en général, et par là-même évaluer les risques que l’ESG est susceptible de faire peser sur leur modèle d’affaires, et donc sur leur pérennité.

Comme le rappelle l’Autorité des marchés financiers (AMF), ce reporting de durabilité ne sera pas uniquement l’apanage des grands groupes :


Au total, près de 50 000 entreprises seront concernées en Europe, dont plus de 10 000 en France.

« Une contrainte de plus ! », pourraient considérer de prime abord les dirigeants-actionnaires de ces dernières. Il est vrai que cette nouvelle obligation devrait, dans la plupart des cas, générer une organisation spécifique, entre le recensement et la collecte des données nécessaires à la construction d’indicateurs RSE pertinents, l’élaboration de méthodologies robustes pour en assurer le calcul et le suivi, ou encore la mise en page du reporting de durabilité.

Pour ma part, j’y vois plutôt une opportunité à saisir, y compris pour les entreprises qui n’entrent pas dans le champ de cette évolution règlementaire. De fait, de nombreuses études ont d’ores et déjà démontré que le déploiement d’une politique ESG ambitieuse produisait des effets vertueux sur les performances opérationnelles, et surtout sur la valorisation. Parmi les derniers exemples en date, le Boston Consulting Group (BCG) vient ainsi de mesurer qu’un quart des annonces relatives à la mise en œuvre d’actions (investissements…) liées au climat ou à la durabilité avaient un effet bénéfique sur la valeur boursière des entreprises à court terme. Ceci expliquant cela, les investisseurs – tant en dette qu’en capital – accordent une importance clé quant au positionnement RSE des entreprises dans lesquelles ils déploient leur argent, comme nous le constatons désormais au quotidien chez ADVISO PARTNERS et dans le cadre de notre activité consacrée à l’impact, ADVISO IMPACT. Dans ce contexte, il n’est d’ailleurs guère surprenant que la notion de comptabilit3 « multi-capitaux » ou « triple capital » (modèle comptable dit intègré qui rend compte de la performance globale de l’entreprise, c’est-à-dire de la performance des aspects économiques, sociaux et environnementaux) ait de plus en plus le vent en poupe, comme l’a récemment révélé le cabinet KPMG dans son étude intitulée « Mesure d'impact et de création de valeur : vers une mesure plus holistique de la performance ».

En se conformant volontairement aux futures normes européennes de déclaration sur le développement durable, les PME et ETI feront d’une pierre, deux coups. Premièrement, elles formaliseraient la maturité et l’efficacité de leur stratégie ESG au sein de ce document synthétique standardisé qu’est le reporting de durabilité. Deuxièmement, elles pourront l’utiliser pour se comparer à leurs concurrents. Un tel exercice de benchmarking se révèlera des plus précieux non seulement pour élargir leur clientèle et accélérer la croissance de leur chiffre d’affaires, mais aussi pour attirer des talents, de nouveaux partenaires financiers et, le cas échéant, des candidats au rachat. A coup sûr, de telles perspectives valent bien de revoir ses standards de pilotage pour impacter positivement la performance et la valeur de nos PME-ETI.