Par Bertrand Thimonier,
Président d'Adviso Partners
Plus un jour ne passe sans qu’il ne soit question de « sobriété ». Sobriété matérielle pour les uns, sobriété économique pour d’autres, sobriété énergétique pour tous… Ces diverses notions qui s’entremêlent, au risque parfois d’induire de la confusion, reposent in fine sur un même objectif : la recherche de modération dans la production et la consommation de biens et de services.
Ces incantations à faire autant, sinon plus avec moins, sont compréhensibles. Elles sont aussi, et surtout, nécessaires. De fait, l’enjeu dépasse de loin deux des principales interrogations du moment : aurons-nous suffisamment d’électricité et de gaz pour traverser les deux prochains hivers, d’une part ; aurons-nous encore les moyens financiers de nous en procurer, d’autre part ? Il y a quelques jours, l’ONG WWF relatait en effet que près 70 % des animaux vertébrés (poissons, mammifères et oiseaux) avaient disparu de la Terre au cours des cinquante dernières années. Un phénomène d’autant plus inquiétant que les menaces qui pèsent sur la biodiversité vont aller croissant. Récemment, une équipe de chercheurs du CNRS, de Météo France et du Centre européen de recherche et de formation alertait notamment sur le fait que le réchauffement climatique au cours du XXIe siècle pourrait être 50 % plus intense que ce que l’on pensait en France. Avec, pour corollaire, « des changements sévères dans l’agriculture et les écosystèmes » nationaux.
Face à ces constats alarmants et ces perspectives tout aussi préoccupantes, la tentation d’un basculement dans un modèle de décroissance pourrait être grande. Ce serait pourtant une erreur, surtout dans un contexte où les craintes sur le pouvoir d’achat sont à leur paroxysme et où une crise sociale (re)pointe le bout de son nez. Ce qu’il faut, à mon sens, ce n’est surtout pas « produire moins », mais « produire mieux », dans le respect de la planète et de sa biodiversité. Pour ce faire, charge aux individus d’adapter leurs modes de consommation – ils ont déjà commencé à le faire –, et aux entreprises de faire évoluer leurs pratiques et processus de fabrication.
Si la plupart d’entre elles se sont d’ores et déjà engagées dans cette voie, elles doivent néanmoins aller plus loin, plus vite. Or ces impératifs impliquent d’investir toujours plus, ce qui suppose de disposer des liquidités nécessaires. Face à ce postulat, les chiffres que vient de publier France Invest sur les performances du marché du capital-investissement durant le premier semestre sont de bon augure. Sur la période, quelque 18 milliards d’euros ont e?te? injectés par les fonds dans 1 467 entreprises (pour 12,8 milliards d’euros) et 92 projets d’infrastructure (pour 5,2 milliards d’euros). En parallèle, ces fonds ont levé 21 milliards d’euros, dont 16,1 milliards destinés à soutenir dans les années qui viennent l’amorçage et le développement de start up, TPE, PME et ETI. On ne peut que s’en réjouir à l’aune des efforts financiers titanesques que requiert la transition énergétique, pour ne mentionner que celle-ci.
On dit souvent que les conseilleurs ne sont pas les payeurs. A défaut de « passer à la caisse », passez-moi l’expression, ils se doivent de montrer l’exemple et de veiller à ce que leurs paroles vis-à-vis de leurs participations soient en parfaite cohérence avec leurs actes. C’est notre avis chez Adviso Partners. Après avoir multiplié les initiatives en faveur d’une finance durable et responsable depuis nos débuts (création du fonds de dotation « Autrement ADVISO », développement d’une branche Impact M&A et bientôt entreprise à mission...), nous ne comptons pas nous arrêter en chemin. Vous me permettrez toutefois de rester « sobre » sur le sujet : cette nouvelle étape importante dans notre développement fera l’objet d’un prochain post.