Par Bertrand Thimonier,
Président d'Adviso Partners
Le private equity n’est plus (seulement) l’affaire d’investisseurs financiers qualifiés ! Au cours du premier semestre, les personnes physiques et les family offices ont placé dans l’Hexagone près de 1,7 milliard d’euros dans des fonds de capital-investissement, soit 17 % de la collecte globale d’après les dernières statistiques de France Invest. Sur la période 2019-2020, cette part n’avait pas dépassé 13 %. Mais le plus intéressant, au-delà de cette croissance, c’est que l’accès des particuliers à cette classe d’actifs ne se cantonne plus seulement aux plus fortunés d’entre eux.
L’effet positif de la loi Pacte
Le succès du fonds « Bpifrance Entreprises 1 » tend à le démontrer. Lancé il y a un peu plus d’un an, ce premier fonds de capital-investissement destiné à des investisseurs non-professionnels ayant au moins 5 000 euros à placer a attiré une forte demande, au point d’amener la banque publique à clôturer la période de souscription avec trois mois d’avance sur le calendrier initial. Au final, près des deux tiers des souscripteurs ont réalisé leur premier investissement dans le capital-investissement par le biais de ce véhicule. Pas surprenant, dans ce contexte, que Bpifrance songe à commercialiser, sous peu, une deuxième édition de ce fonds...
Mais l’offre en direction des « petits épargnants » ne se réduit pas à cette initiative promue par Bercy. Profitant de la loi Pacte, qui offre depuis 2019 la possibilité aux épargnants d’investir dans des fonds de private equity via un contrat d’assurance-vie, plusieurs assureurs ont déjà enrichi leur offre d’unités de compte dédiée, à l’image de CNP Assurances, BNP Paribas Cardif, AXA, Generali… Et tous envisagent d’aller encore plus loin dans ce domaine. Compte tenu des rendements offerts, qui peuvent allégrement dépasser 10 % par an, l’engouement récent du grand public pour le non-coté a tout lieu de s’amplifier dans les mois et années à venir.
Une manne financière
Chez Adviso Partners, nous sommes convaincus que les dirigeants-actionnaires désireux d’ouvrir leur capital ont également tout à gagner de ce mouvement de démocratisation. Avec un patrimoine financier qui avoisine aujourd’hui 5 900 milliards d’euros, selon la Banque de France, les ménages peuvent déjà contribuer, en orientant ne serait-ce qu’une infime part de leurs ressources vers le financement en fonds propres de PME et d’ETI non cotées, en concrétisant de nombreuses opérations de haut de bilan additionnelles. Surtout, les dernières enquêtes portant sur les attentes des épargnants français en matière de placements (Ifop, AMF…) font toutes ressortir des objectifs communs, en particulier ceux d’investir de façon plus responsable et de financer l’économie locale. Une seconde priorité à laquelle les acteurs régionaux du capital-investissement pourraient notamment répondre en élargissant leur champ de prospection à des territoires jusqu’alors non couverts. Avec pour certains dirigeants-actionnaires, là aussi, des opportunités inédites d’accélérer le développement de leur entreprise.
Certes, il conviendra de suivre sur la durée l’évolution du poids des particuliers, notamment des « petits porteurs », dans la collecte des fonds de private equity pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’un effet de mode. Néanmoins, nous ne pouvons que nous réjouir de la dynamique récente.