Par Bertrand Thimonier,
Président d'Adviso Partners
Les plaisanteries les plus courtes sont toujours les meilleures. En faisant tomber le gouvernement Barnier mercredi 4 décembre, peu après 20 heures, nos députés ont choisi de prolonger la farce initiée le 9 juin dernier par Emmanuel Macron, avec l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale. Je ris jaune.
Si je goûte peu à l’humour de nos (ir)responsables politiques actuels, c’est parce que l’heure est grave. Il y a, bien sûr, la question de notre dette publique qui, d’un montant de plus de 3 202 milliards d’euros (soit plus de 110 % du PIB domestique), ne cesse de gonfler. Bien que le pays continue de se financer à bon compte sur les marchés financiers, cette gabegie a un coût. L’an prochain, ce sont près de 55 milliards d’euros que la France devra verser à ses prêteurs au titre du paiement des intérêts. Cette fameuse charge de la dette devrait ainsi représenter le quatrième poste de dépense publique, loin devant le budget de la Sécurité ou celui consacré à l’Écologie. Dans son rapport estival sur la situation et les perspectives des finances publiques, la Cour des comptes résumait l’enjeu : en affichant un coût de plus en plus élevé, la dette publique « contraint toutes les autres dépenses, obère la capacité d’investissement du pays et l’expose dangereusement en cas de nouveau choc macroéconomique ».
Surtout, ce spectacle clownesque qui nous est offert par notre classe politique met à mal tout notre tissu économique. Depuis six mois, les dirigeants d’entreprise doivent en effet composer au quotidien avec une dose accrue d’incertitude et un manque total de visibilité. Pas les meilleurs ingrédients pour décider d’embaucher et d’investir, d’autant plus lorsque la consommation des ménages – eux-mêmes minés par l’incertitude politique – montre des signes de faiblesse.
Toutes ces facéties politiques ne sauraient aussi faire oublier que, pendant ce temps, un nombre toujours plus important d’entreprises s’enfoncent dans les difficultés. Selon les dernières statistiques de la Banque de France, 64 650 défaillances ont été enregistrées entre octobre 2023 et octobre 2024, un chiffre en hausse de 21 %. Du côté des tribunaux de commerce, les liquidations judiciaires directes se multiplient, comme l’observe le Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires. Dans ce contexte morose, ce ne sont pas les spécialistes du restructuring qui vont nous aider à retrouver le sourire. L’un d’eux, avocat au sein d’un grand cabinet spécialisé en distress M&A, me disait l’autre jour s’attendre à voir son activité s’envoler durant les trois prochaines années !
Soyons clairs : sur le front de la sinistralité, les projections sont… sinistres. Mais mon fond naturellement optimiste me fait dire que rien n’est inéluctable. A condition toutefois de prendre les devants, les dirigeants disposent en effet d’une boite à outils à l’efficacité éprouvée pour redresser leur entreprise. Je fais ici référence à l’accompagnement mené par les tribunaux de commerce et les administrateurs judiciaires, que ce soit dans le cadre de procédures amiables (mandat ad hoc et conciliation) ou collectives, en premier lieu desquelles la sauvegarde accélérée et le redressement judiciaire. Je fais aussi référence à l’accompagnement de conseils financiers comme l’équipe restructuring d’Adviso Partners qui vont, parallèlement à la restructuration de l’endettement existant, aider l’entreprise à se restructurer financièrement par une levée de fonds ou un adossement. Une étape indispensable, qui peut notamment passer par la cession d’activités non rentables et/ou non stratégiques. On est loin de la thérapie par le rire, je le reconnais. Mais, comme l’a par exemple écrit Voltaire, « l’Espérance de guérir est déjà la moitié de la guérison ».
En observant le cirque du Palais Bourbon, une autre phrase célèbre du philosophe des Lumières me vient à l’esprit. « La politique est le premier des arts et le dernier des métiers. » Mesdames et Messieurs les élus de la représentation nationale, arrêtons donc les mauvaises blagues et laissez nos chefs d’entreprise entreprendre dans la sérénité. Assurément, ce serait le plus beau des cadeaux de Noël.